Méthanol ou alcool méthylique


Le méthanol aussi connu sous le nom d'alcool méthylique ou alcool de bois est un composé chimique de formule CH3OH. C'est le plus simple des alcools.
T° d'ébullition : 64,7 °C. T° de fusion : -97,8°C. Densité : 0,791
C'est un liquide léger, volatil, transparent, inflammable qui est utilisé comme antigel, solvant, carburant et comme dénaturant de l'éthanol.
Le méthanol brûle
avec une flamme bleuâtre non lumineuse en donnant du dioxyde de carbone et de l'eau : 2 CH3OH + 3 O2 → 2 CO2 + 4 H2O
Le méthanol est toxique.

ASPECT PHYSIQUE; APPARENCE : liquide incolore, d'odeur caractéristique.

DANGERS PHYSIQUES : Les vapeurs se mélangent bien à l'air et des mélanges explosifs se forment rapidement.

DANGERS CHIMIQUES : Réagit violemment avec les oxydants en provoquant des risques d'incendie et d'explosion.

LIMITES D'EXPOSITION PROFESSIONNELLE (LEP):
TLV: 200 ppm TWA (peau) (ACGIH 1999)
TLV (STEL): 250 ppm (peau) (ACGIH 1999)

VOIES D'EXPOSITION : La substance peut être absorbée par l'organisme par inhalation et à travers la peau, et par ingestion.

RISQUE D'INHALATION : Une contamination dangereuse de l'air est rapidement atteinte lors de l'évaporation de cette substance à 20°C.

EFFETS DES EXPOSITIONS DE COURTE DUREE : La substance est irritante pour les yeux, la peau et les voies respiratoires. La substance peut avoir des effets sur le système nerveux central , entraînant une perte de conscience. L'exposition par ingestion peut entraîner la cécité et la mort. Les effets peuvent être retardés. L'observation médicale est conseillée.

EFFETS DES EXPOSITIONS PROLONGEES OU REPETEES : Un contact répété ou prolongé avec la peau peut causer une dermatite. La substance peut avoir des effets sur le système nerveux central , entraînant des maux de tête persistants ou récidivants et des troubles de la vue.

Le méthanol dans les moûts :


Dans un moût, le méthanol peut avoir deux origines :

Les pectines :


Les pectines sont des constituants de la membrane cellulaire de tous les fruits. Ce sont de grosses molécules constituées d'hydrates de carbone (polysaccharides) et d'acide pectique (à base d'acide D-galacturonique). Elles confèrent aux jus de fruits une certaine viscosité. Les enzymes pectolytiques (pectinases) et, dans une moindre mesure, les levures décomposent les pectines en corps plus simples, dont le méthanol. Le méthanol est un sous-produit de la décomposition de l'acide D-galacturonique par les pectinases. Les moûts riches en pectine seront donc plus riches en méthanol. La fermentation s’accompagne toujours d’une hydrolyse de l’acide pectique.
Le taux de méthanol est fonction de l’importance de la macération des parties solides de la vendange, notamment des pellicules, dans le moût : ainsi les vins rouges, avec 152 mg/l de moyenne, sont plus riches que les vins rosés (91 mg/l) et surtout que les vins blancs (63 mg/l).
On retrouvera donc toujours du méthanol dans les vins à des doses variant de 36 à 350 mg/l. Ces petites proportions proviennent de l’hydrolyse des pectines des fruits au cours de la fermentation ; par contre la fermentation alcoolique pure du saccharose n’en produit (en principe) pas de traces.

La cellulose :


La fermentation peut aussi avoir pour effet de convertir en méthanol une partie de la cellulose contenue dans le moût. Cette cellulose provient des constituants ligneux comme les queues de fruits, les pépins, noyaux, écorces de grains...

Comment éviter le méthanol?


Certains producteurs de vins de fruits cherchent à éliminer le méthanol de leurs vins. La méthode la plus courante est le chauffage du moût après fermentation. En effet, si on chauffe le moût à plus de 65°C, le méthanol est censé s'évaporer.

Le problème est différent pour le distillateur : la distillation, en effet, concentre le méthanol. Prenons par exemple 30 l de moût contenant 200 mg / l de méthanol... Cela fait 30 x 200 = 6000 mg (6 g) de méthanol concentré dans, disons, 3 l d'alcool. Cet alcool aura donc un taux de méthanol de 2 g / l. Il convient donc de l'éliminer.
En fait c'est très simple, puisque le méthanol bout à 64,8°C. Donc, lors de la chauffe, il faut stabiliser la température des vapeurs vers 65-67°C pendant un moment et collecter à part tout ce qui sort à ce moment. Si méthanol il y a, c'est dans cette part du distillat qu'il se trouve.
D'autre part, après cela, on collectera les têtes (50 ml / 10 l de moût) à une température proche de 78°C. Si par malheur, il restait du méthanol, il se trouvera dans ces têtes. Le méthanol sort toujours avant l'éthanol.
On élimine donc soigneusement les têtes et tout danger est écarté! L'élimination du méthanol d'un moût avant distillation est donc superflue!


Nous avons écrit dans l'introduction du site : (...) les histoires racontant le cas de consommateurs devenus fous ou aveugles, bien que souvent fondées, sont aussi très exagérées. Le méthanol est toxique (c’est un poison, notamment pour le nerf optique) mais vous verrez qu’il est facile de le séparer de l’éthanol (qui lui est le produit recherché). La plupart des cas d’empoisonnement par de l’alcool frelaté sont dus à des marchands sans scrupule qui ajoutaient volontairement des produits toxiques à l’alcool vendu (e.a. méthanol, anti-gel, acide…).

Voici un article qui illustre très bien ce propos :

Kenya : l’alcool frelaté tue 50 villageois


« 94,72% » de méthanol retrouvé dans le breuvage qui les a tués
http://www.afrik.com/article8562.html
Dossier Boissons d’Afrique
mardi 28 juin 2005, par Habibou Bangré

Cinquante villageois kenyans ont trouvé la mort après avoir ingéré de l’alcool fortement frelaté avec du méthanol, composant chimique notamment utilisé dans l’industrie. Le Président Mwai Kibaki a déclaré la guerre aux producteurs et vendeurs de ces boissons dangereuses et illégales. Plusieurs personnes ont d’ailleurs été arrêtées dans le cadre de l’empoisonnement des villageois.


Ils pensaient boire un verre pour se détendre, ils ont bu un breuvage qui leur a ôté la vie. Cinquante personnes sont mortes à l’hôpital général de Machakos (Sud du Kenya) après avoir ingéré un alcool local frelaté avec du méthanol, un composant chimique qui sert notamment d’antigel ou de solvant. Parmi les survivants, certains sont aveugles ou ont perdu une grande partie de leurs facultés visuelles. Ce n’est pas la première fois que des décès sont provoqués par des boissons alcoolisées illégales. Mais c’est cette affaire qui semble avoir été la goutte d’eau de trop pour le gouvernement, qui s’est engagé à lutter contre les producteurs et les vendeurs des breuvages incriminés.

« 50 morts, huit aveugles »

« Les victimes viennent toutes du même village : Chumui, a expliqué le Dr Simon Mueke, directeur de l’hôpital général de Machakos, à Afrik. En tout 159 personnes sont passées entre nos mains. Nous avons reçu un malade vendredi à 17 heures. Le lendemain, un deuxième est arrivé à 4 heures du matin, puis, à partir de 8 heures, ils ont commencé à affluer. Ils arrivaient somnolents, aveugles, en vomissant... Certains finissaient par s’effondrer et mourir. Depuis hier (lundi, ndlr) après-midi, le nombre d’entrées a beaucoup baissé. La nuit dernière, seul un patient s’est présenté ».

Si la plupart des victimes ont été acheminées à l’hôpital de Machakos, quelques unes ont été transférées à l’hôpital général Kenyatta. Il s’agit pour la plupart de cas graves. « Cinq patients, dont l’état s’est stabilisé, sont en observation et nous avons deux personnes en unité de soins intensifs », souligne le service communication de la structure. Au total, le Dr Simon Mueke précise qu’il y a eu « cinquante morts, dont deux femmes. Trente-neuf corps n’ont pas été récupérés. Dix-neuf personnes restent en observation, dont cinq rentreront chez elles demain (mercredi, ndlr) ». Concernant les séquelles, il ajoute que les « 14 patients ont eu des complications oculaires : huit ont définitivement perdu la vue et six ont une vision réduite ».

Du méthanol et du formol pour corser le breuvage

Le carnage a été provoqué par l’addition de méthanol dans un alcool local. « Je viens de recevoir les analyses des échantillons prélevés. Ils confirment que le méthanol était bien la cause du décès : il était concentré dans la boisson à hauteur de 94,72%. Cela signifie que ce que les gens ont bu était du méthanol quasiment pur », annonce le Dr Simon Mueke. Un procédé qui doit permettre de « corser » la boisson, vendue à un prix modique. La dose de méthanol aurait été trop forte, ce qui a causé les complications. Comment un composant chimique si dangereux a-t-il arrivé dans les mains de producteurs ? D’aucuns estiment qu’il fait en fait l’objet d’une contrebande. Outre le méthanol, le formol est aussi utilisé pour produire des boissons artificiellement puissantes. « Le formol est initialement utilisé pour toutes les cellules vivantes d’un corps afin d’empêcher un mort de pourrir », rapporte The Standard, quotidien kenyan. D’autres utilisent de la sève du sisal, qui peut servir à fabriquer de l’alcool, pour concentrer leur breuvage. Selon le journal, leur objectif est de diluer la quantité qu’ils ont pour pouvoir vendre plus.

« En 2000, au moins 134 personnes sont mortes et des dizaines ont été rendues aveugles après avoir consommé ce genre de boisson dans les bidonvilles de la capitale, Nairobi », rappelle l’Agence France Presse. Mais ce sont les décès de ce week-end dernier qui ont provoqué la colère des autorités. Avec en tête de file, le Président Mwai Kibaki. « Nous devons, en tant que nation,
réfléchir sérieusement sur les circonstances dans lesquelles tant de gens sont mortes des mains de brasseurs cupides de cette bière mortelle, afin de trouver des solutions sur le long terme à ce problème », a déclaré le chef de l’Etat. Alors que les administrateurs de la région concernée par le drame sont vertement critiqués pour n’avoir pas réagi plus tôt, Mwai Kibaki invite la population à dénoncer les producteurs et vendeurs.

Pour l’heure, la police a arrêté sept suspects, selon les informations recueillies par Xinhua auprès de Charles Mathenge, directeur de la police. Le coup de filet a notamment permis de mettre aux arrêts Margaret Kamene, surnommée Mama Mambo, et deux fils de sa « concurrente » Francisca Kavuu Mutua (dite Mama Eric). Qui court toujours.